L’UN ET L’AUTRE
Où l’un peut aussi être l’autre, et vice versa. Quelques plages de discours hirsutes et décalés, qui s’insèrent dans le temps qui passe. La parole qu’il nous reste. Le temps qui s’en va…
Parler, parler, parler, pour ne rien dire.
Parler, parler, parler pour que le temps passe sans qu’on s’en aperçoive.
Abordant 10.000 sujets qui n’en sont aucun. Laissant passer celui qui en contient 10.000.
Et quand bien même il n’y en aurait qu’un, à quoi bon parler. L’avenir n’est-il pas à ceux qui se taisent ?
Les deux personnages s’interrogent malgré eux sur la fonction de leur langage. Ils parlent et, tout en parlant, dégagent du silence, du vide. Et s’ils se taisaient ? Qu’adviendrait-il du silence quand aucune réponse ne viendrait s’y loger ? Ils jouent avec les métaphores et s’y perdent. Ils ne savent plus si c’est le rêve ou la réalité qui les questionne. Ils maintiennent le rêve en jouant le quotidien. Est-ce leur quotidien ou l’image d’un quotidien ? Ils jouent avec l’idée de la mort, l’effleurent sans la nommer.
L’apparente légèreté de leur discussion, «pour ne pas que l’on croit que …», sur des sujets mettant en balance leur raison de vivre, fera rire. Rire qui pourra aussi être grincement. Grincement d’une roue qui avance et qui ne s’arrête pas.
Nous ne sommes plus capable de gérer la quantité d’informations devant laquelle nous nous trouvons, incapables de juger de la pertinence de celles-ci, et démunis face au nombre de décisions à prendre avant de pouvoir formuler quelque chose de cohérent.
Le spectacle a été créé au théâtre de la Balsamine en 2003
Avec Véronique Dumont et Olivier Thomas
L’un : La vie est quand même bizarre.
L’autre : Tu parles que la vie est quand même bizarre.
L’un : Il y a des fois où tu voudrais dire plein de choses et où y’a rien qui sort de ta gorge, et des fois où t’as rien à dire du tout, et tu peux parler des heures de ta gorge.
L’autre : Je comprends rien à ce que tu racontes.
L’un : Laisse tomber.
………….
L’un : Je me demande parfois ce qu’on fout ici.
L’autre : On discute.
L’un : Non, dans la vie.
L’autre : Ben oui, on discute.
L’un : Et tu crois que c’est suffisant ?
L’autre : C’est toujours la même chose, ça dépend de quoi on parle.
L’un : Je connais des gens qui parlent de pas grand-chose et qui vivent bien.
L’autre : Parfois c’est quand tu es absent que tu es bien.
L’un : C’est quand tu n’es pas là que tu sens que tu es là.
L’autre : Oui c’est ça, quand tu es au-dessus de toi et que tu te regardes faire. Que tu vois ton visage, tes mains. Ton corps qui bouge. Le deuxième toi est paisible et semble dire à l’autre que c’est possible.